Nul doute que la Terre regorge de trésors cachés. Des coins de paradis isolés. Parfois vierges de toute population, à l’abri des regards et du tourisme. Mais même dans ces coins, semblant pourtant protégés, la menace de la pollution et de la disparition des espèces est présente. Le documentaire NO MAD nous emmène dans les Philippines, dans un paradis touché… mais pas coulé !
Le documentaire NO MAD : sensibiliser pour préserver les paradis menacés
Le teaser du documentaire NO MAD
Disponible en intégralité sur ce lien jusqu'au 30 Avril
Quelques question à l'équipe Nomads surfing
Pour commencer, pouvez-vous nous rappeler où a été tourné le documentaire ?
Le documentaire a été tourné aux Philippines, au Nord de l’île de Busuanga. Très peu connu pour le surf, les vagues y sont incroyables quand les conditions sont au rendez vous.
pollution et déchets
Sous ses airs paradisiaques, le constat est amer… beaucoup de plastique, de déchets marins, la mort des coraux, la baisse du nombre d’espèces et de la vie marine…
Quelle a été votre réaction lorsque vous avez vu les dégâts même sur cette petite île semblant pourtant être un paradis à l’abri des pollutions ?
Le constat est amer en effet. Il est difficile d’imaginer l’ampleur de cette pollution depuis la France. En effet même si notre littoral souffre, en Asie du Sud Est et plus particulièrement aux Philippines, troisième pays rejetant le plus de plastique dans les océans, l’image est saisissante.
On se demande surtout comment on en est arrivé là. On commence à ramasser le plastique et on se demande bien comment cela va se terminer. Puis on se remotive en pensant à pleins d’initiatives qui pourraient nous permettre d’endiguer tout cela.
Racontez-nous comment se passe les récoltes de déchets ? Qu’est-ce qu’on y trouve principalement ?
On y trouve un peu de tout mais on constate vite que certains déchets sont en effet plus présents que d’autres. Peut être parce qu’ils flottent mieux ?
On peut citer parmi ceux ci:
- Tongues, sandales et chaussures
- Matériel de pêche en tout genre (filets, hameçon, flotteurs)
- briquets
- vêtements
En fait on retrouve sur les plages les choses qui mettent le plus de temps à se dégrader. Les bouteilles PET par exemple, sont très certainement déjà devenues des micro plastiques en mer de Chine.
Il semble y avoir une vraie volonté de se servir des déchets récoltés pour recréer et revaloriser… (des exemples ? type filets de pêches, cordes, plastique...)
Il existe un certain nombre d’initiatives aujourd’hui qui permettent de valoriser ces déchets. Mais on reste très limité car on ne peut pas traiter certains plastiques par exemple.
Le matériel de pêche est présent en quantité et on arrive à lui trouver une multitude d’utilités.
Sur l’île le broyeur doit nous permettre à terme de recycler certains types de plastiques pour en faire des objets utiles au quotidien. Pour les cordes de pêche elles serviront pour le camp. Malgré tout il reste énormément de déchets…
Il y a aussi le concept de “Precious Plastic”, ça consiste en quoi ?
Chez Nomads on aime l’upcycling et particulièrement le projet PRECIOUS PLASTIC, un projet open source venu des Pays Bas.
Une panoplie de machines permettant de valoriser les plastiques pour en faire de nouveaux objets.
On a donc amené ces machines aux Philippines et essayé de valoriser certains plastiques comme les PP ou HDPE et LDPE. Les résultats sont là et on fait ce même travail en France à Bordeaux lors d’ateliers de sensibilisation.
C’est génial de se dire qu’avec une bouteille de lessive ramassée sur la plage, on peut faire un peigne à wax pour sa prochaine session surf.
En fait quand les gens voient le processus ils sont bluffés et on peut commencer à penser différemment.
Pourquoi avoir amené une machine “Precious Plastic” sur l’île ? Comment ça c’est fait ?
Lorsque que l’on a organisé le voyage, on voulait apporter notre pierre à l’édifice. On a donc lancé un financement participatif auprès de nos amis et de nos familles pour pouvoir amener les machines que l’on a fait fabriquer à Manille. Le but étant vraiment de trouver une solution à la pollution sur cette île.
LA PÊCHE
Ce qui menace les écosystèmes ce sont les déchets mais aussi la surpêche, il y a t’il des mesures ou des autorités qui régulent la pêche sur place ?
Sur place c’est très compliqué. Il y a bien sur des mesures en place, mais les appliquer reste différent. Les autorités ne sont pas armées pour contrôler toutes les flottes de pêche qui sillonnent les eaux des Philippines qu’elles soient du pays voir étrangères. Et il est difficile pour eux de freiner la pêche illégale alors que la demande explose et permet de générer des revenus à l’échelle du pays.
Vous évoquez la pêche à la dynamite dans le film, pouvez-vous expliquer le concept et son impact considérable sur les écosystèmes ?
Il s’agit de lancer une dynamite conçue “maison” dans des bouteilles en verre, un peu comme un cocktail molotov… La déflagration va tuer tous les organismes vivant aux alentours incluant bien sûr les coraux.
Les dommages sont donc irréversibles car ils détruisent un écosystème entier.
Les locaux disent atteindre “les limites de leurs ressources” marines, forçant les pêcheurs aux méthodes traditionnelles et artisanales à se tourner vers des méthodes de pêche industrielles et dévastatrices, c’est un cercle vicieux en fait ?
Oui tout à fait. Moins le poisson sera présent, plus les pêcheurs seront tentés d’aller les chercher là où ils n’en n’ont pas le droit ou en utilisant des techniques illégales pour en ramasser très peu au final.
Comment en sortir ? Il y a t’il des choses mises en place pour éviter ça ? Des projets lancés ou prévus ? (vous évoquez l’éducation des pêcheurs notamment)
La mise en place de réserve protégés (MPA) est une clef pour sortir de ce cercle vicieux. Cela va permettre de régénérer l’écosystème. Les poissons retrouvent un habitat non menacé où ils peuvent se reproduire. Ensuite ils gravitent autour de cette zone où les pêcheurs vont pouvoir venir prélever ces populations de manière légale.
Partout dans le monde où des MPA ont été mise en place le résultat est sans appel (Raja Ampat, Tahiti etc…)
L’un des problème principal semble être les “passes-droit”. Vous évoquez notamment le cas de la petite île “Turtle Island” ?
Le cas de Turtle Island n’est pas isolé aux Philippines. Il y a plus de 7000 îles dans l’archipel et certaines sont très éloignées de la civilisation.
Il y a peu de lois concernant ces terres et le premier qui paiera des impôts en aura la possession. C’est un peu imagé mais cela fonctionne un peu de la sorte et certaines personnes installent des gardes armés sur des îles pour en avoir in fine la propriété.
A contrario, même si ça peut sembler contradictoire, vous montrer certains propriétaires d’îles qui utilisent des “techniques mafieuses et hors la loi” pour éloigner les touristes, visiteurs, pêcheurs… Et en faisant ça ils protègent et préservent finalement ces trésors ?
Oui c’est un peu cela. Si le récif autour de l’île est protégé, sa valeur augmente car elle aura un potentiel touristique intéressant pour les plongeurs notamment. Encore une fois c’est un jeu financier.
ECO TOURISME
A la suite de l’aventure, vous avez construit un “reef artificiel”. Comment ça marche et en quoi ça consiste ?
Il s’agit d’une structure métallique faiblement électrifiée. Cela va permettre aux minéraux de se déposer sur la structure et former une pellicule de calcaire. Ensuite on vient placer des boutures de corail. Cela va permettre de booster la croissance du corail et de le rendre plus résilient.
Quel est l’avantage d’un “reef artificiel” ?
L’avantage est la rapidité de prise des boutures et leur croissance rapide. On peut vite avoir des structures complètes qui permettent de recréer les habitats. Le reef permet ainsi aux poissons de revenir se nourrir et donc de redonner vie à une zone protégée.
Qu’est-ce que ça vous a fait de participer à de tels projets ?
C’était très enrichissant pour toute l’équipe. Nous avons énormément échangé sur les problèmes, les solutions, cela donne de l’espoir et surtout envie d’aider et de s’impliquer.
Tout le monde peut le faire ?
En étant motivé et en voulant donner de son temps pour la cause oui tout le monde peut le faire.
Pour le projet aux Philippines actuellement il est difficile d’accueillir tout le monde car le projet en est au commencement et il est surtout important d’avoir des personnes avec des qualifications spécifiques qui permettront de développer le projet.
Mais on trouve aujourd’hui de plus en plus de projets qui vont dans ce sens un peu partout sur la planète.
La conclusion du documentaire n’est-elle pas d’être “NO MAD” ?
En fait l’histoire de NOMADS c’est trois amis qui vivent en France, Malaisie et Philippines. C’est de là que nous avons créé la marque attachée aux valeurs du développement durable et de la protection de l’environnement.
En arrivant sur place, Vela, amie de Scott, avait compris que NOMADS signifiait “les gens pas énervés”, les gens peace, “Not Mad”.
Du coup c’est resté et on a souhaité appeler le documentaire comme ça. Cela résonne aussi aujourd’hui avec nos mode de vie. On est pressés, stressés, on consomme, beaucoup, beaucoup trop et on veut sans cesse plus. Alors que NO MAD cela veut aussi dire, de prendre du recul sur tout cela et de changer de système.