Pas à son coup d’essai, le trio de surfeurs bretons est parti en début d’année pour une nouvelle aventure… C’est en voilier qu’Ewen, Ronan et Aurel sont allés explorer la terre des grands espaces et des glaciers… la Patagonie ! Découvre l’intégralité de l’aventure de Lost in the Swell en Patagonie et une interview d’Ewen qui nous éclaire sur cette dernière aventure.

Lost in the Swell : des potes, du surf, des aventures

lost in the swell

Lost in the Swell c'est qui, c'est quoi ?

Lost in the Swell c’est l’histoire de 3 potes bretons à la recherche de nouvelles aventures. Passionnés de surf, Ewen, Ronan et Aurel voyagent depuis 10 ans à la recherche de destinations surf reculées peu ou jamais surfées en accordant une large place à l’aventure !

Lost in the Swell en Patagonie

C’est à bord du Maewan, un camp de base nomade établit sur un voilier de 10 mètres parti en 2015 pour 7 ans d’expédition de l’Arctique à l’Antarctique en passant par le Pacifique. Il est le support d’actions éducatives et environnementales animées par des sportifs de classe mondiale (on compte notamment parmi les équipiers précédents le snowboarder Xavier De Le Rue, l’alpiniste Mathieu Maynadier ou encore l’alpiniste Liv Sansoz).

Cette fois-ci c’était au tour du trio breton de monter à bord du Maewan, et quelle aventure !

Le teaser de l'aventure Lost in the Swell en Patagonie

Interview de Lost in the Swell

Ewen de la team Lost in the Swell a répondu à quelques unes de nos questions, voici l’intégralité de l’interview !

Comment vous êtes atterrit sur le Maewan, le voilier d’Erwan Le Lann ?

Erwan avait entendu parler de nous via les festivals d’aventures, pareil pour nous. Ça faisait un petit bout de temps qu’on avait envie de se rencontrer. Mais ça c’est vraiment accéléré lorsqu’on s’est vu à un festival de film d’aventures à La Vilette. Il nous a proposé de le rejoindre à bord en nous suggérant différentes étapes selon son parcours. Et c’est là qu’on a retenu la Patagonie ! Ça faisait un bout de temps qu’on y pensé, c’était l’occasion rêvée…

voilier maewen

Vous étiez déjà partis en bateau, le Gwallaz, un trimaran éco-conçu, à l’assaut des îles salomons (Est de la Papouasie-Nouvelle Guinée).Le bateau est un mode de transport que vous appréciez ?

C’est un moyen de transport qui te laisse la totale liberté sur les directions que tu veux prendre ! Tu n’es pas dépendant d’une route.
Après ça demande aussi des responsabilités, c’est pas forcément plus facile d’accéder aux spots, ça dépend vraiment des coins qu’on veut explorer. Typiquement au Gabon (saison précédente de Lost in the Swell), le bateau ça ne servait à rien.

Pour la Patagonie, c’était l’option la plus adaptée ? Vous aviez étudié d’autres moyens de transports ?

On voulait y aller par la Terre car peu d’abris pour le bateau. C’est pour ça qu’on a testé les ânes au Maroc, donc ça remonte ! C’était en vu pourquoi pas d’explorer la Patagonie avec des ânes ou des mules. Et vu que c’était pas très concluant pour le Maroc, on a laissé tombé.

Notre but c’est d’être autonome. L’alimentation et l’eau avec des ânes c’est compliqué car il en faut beaucoup. Nous autant on peut se mettre dans le rouge, avoir faim, avoir soif, mais on ne veut pas infliger ça aux bêtes.

Donc on avait mis la destination un peu de côté… jusqu’à ce qu’on rencontre Erwan quoi !

Bon, c’est pas votre première aventure en bateau mais une première en eaux aussi froides non ?

Non grande première en eaux froides !
C’était le retour des gens qui voulaient nous voir galèrer mais dans le froid.

En fait on a toujours privilégié les destinations chaudes car tu as besoin de beaucoup moins de matériel, pas besoin de grosses tentes, de gros sacs de couchages, de blousons chauds, de combis d’hiver… Tout ça à transporter ça devient vite lourd. La logistique est vite plus galère !

La Patagonie, la terre des grands espaces et des paysages incroyable, les glaciers, la vie sauvage. Est-ce graal pour un aventurier / surfeur ? C’était un rêve pour vous ?

Je pense qu’il y en a plein d’autres mais effectivement c’est dingue.

Nous ce qu’on a vécu là bas, oui c’était le graal, on aurait pas pu imaginer mieux.
Hormis un peu plus de soleil qui aurait été le bienvenu (rire)… Mais on s’en doutait, à cet endroit là il pleut 360 jours / an ! C’est un des endroits les plus humides de la planète.

On avait repéré cet endroit depuis au moins 5 ans !

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Lost in the swell en Patagonie (crédit photo : Maewan adventure base)

Destination de rêve mais pas si évidente. Dur de trouver des vagues...Le travail de repérage des spots sur satellite a finalement été hyper important. Comment on s’y prend ?

On avait vu une photo passer de ce glacier là, prise de la mer. Et la perspective était vraiment peu commune. Et c’est là qu’on a commencé à regarder s’il y avait des vagues. On s’est dit que s’il y avait moyen de trouver des vagues là, on pourrait faire des images de fou !
On a trouvé pas mal de vagues, on s’est renseigné, on a rien trouvé sur le net. C’était donc bon signe pour nous.
C’est comme ça qu’on a eu la puce à l’oreille.

Pour bien repérer on a essayé d’avoir des images satellite à des dates différentes pour voir le spot dans des conditions différentes et t’en déduis un peu le potentiel et la fiabilité du spot.

De la carte satellite en découle la recherche sur les données de houle et de vent.
Tu mets en parallèle les deux et tu comprends le fonctionnement du spot, les paramètres qu’il faut pour des conditions idéales etc…

Il y a t’il des bonnes surprises ? Des sessions improvisées pendant le voyage ?

Oui un peu. Les 2 premières toutes pourries (rire) et celle où Nono va surfer tout seul. On avait vu les spots mais sans trop les analyser.

Franchement on avait bien écumé la côte avec les cartes satellites. Je connaissais la côte par coeur à la fin, haha
Donc on avait pas mal de spots sous le coude. Après c’est toujours la surprise quand t’arrive sur le spot !

Mais le potentiel de spots est énorme. Par exemple, la « magic bay » qu’on voit dans le film, on y est resté qu’une matinée. Il y avait d’autres spots, d’autres baies dans le genre. On est passé devant mais on a pas pu s’y arrêter par rapport au timing et à la météo, il y a une dépression qui nous arrivait dessus.

Vos repérages ont porté leur fruit… Vous finissez le trip par une semaine près d’un spot incroyable. La bonne pioche ?

C’est le graal ! L’accomplissement ! Ça fait 4 / 5 ans qu’on travaillait dessus. On a « juste » 1 mois pour explorer, ce qui fait en voilier une marge d’erreur assez faible. Il faut savoir que les premières semaines pas on a pas surfé. Pour un trip surf, sans vague c’était pas top. Même pour nous c’était assez frustrant.

Mais finalement le scénario était parfait, c’est à la fin de trip que la consécration arrive. Plus on avançait sur le spot, plus ton se rendaits compte que la vague était dingue, dans un cadre de fou.

C’est clairement l’une des meilleures vagues qu’on est découvert en 10 ans d’aventures.

C’est aussi pour ça qu’on surfait de 4 à 6h/jour ! On en a profité au maximum !

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Le graal trouvé par Lost in the Swell en Patagonie

Malgré ça, grosse motive pour y aller. 2h aller, 2h retour. Navigation dans l’annexe du bateau, marche, traversée en stand up, marche. Lost in the Swell, toujours aussi motivé à aller surfer ?

Comme je te dis, chaque expédition Lost in the Swell est un rêve qui se réalise.
Personne nous force à aller là bas, on met tellement d’énergie en amont pour préparer tout ça qu’une fois sur place t’es là pour profiter et savourer. Tu sais que ça dure qu’un mois.

Après clairement, la motive à la fin on l’a eu aussi car les vagues étaient  parfaites. Tu savais qu’il y avait des barrels, des vagues qui ouvrées, personne à l’eau. C’est un bel argument pour sortir du lit !

Je pense qu’il y a clairement plus d’un surfeur qui aurait été capable de se lever et faire ces efforts pour surfer ces vagues là.

Partir en bateau, c’est aussi faire moins de rencontres, être moins baigné dans la culture locale… C’est pas trop frustrant ?

Ben franchement le bateau pour faire des rencontres c’est pas mal mais le truc là bas c’est qu’il y a personne ! Aucune ville sur la côte. Peu importe le moyen de transport on aurait été tout seul.

Par contre, le bateau vous permet d’être seul au milieu de nulle part, en pleine nature, dans des paysages magnifiques.On imagine la Patagonie très naturelle, très préservée. Mais avez-vous constaté l’impact de l’homme sur cette terre sauvage ?

Oui à travers l’exploitation de saumon, il y a plusieurs milliers de fermes industrielles, et plusieurs centaines de milliers poissons. Ça appauvrit le milieu, il y a beaucoup moins d’espèces marines. Toute la chaine alimentaire est impactée. On l’a constaté par la présence d’algues vertes (comme c’est le cas en Bretagne) mais on le voyait aussi simplement quand on essayait de pêcher. Pourtant habitués à pêcher, en 1 mois on a du attraper une dizaine de poissons seulement !

complément d'infos

La pêche au saumon, "l'or rose" Chilien

Le Chili est actuellement le deuxième producteur mondial de saumon d’élevage, après la Norvège. L’aquaculture a été créée vers le milieu des années 80 pour préserver le saumon menacé de disparition par la surpêche. Ce nouveau marché avait aussi pour but de sortir l’économie chilienne de sa dépendance au cuivre. L’industrie du saumon s’est tellement développée qu’on l’appelle l’« or rose » du Chili.

Il y a 550 « fermes à saumons » au Chili (dont 40 % sont entre les mains de multinationales).

L’aquaculture intensive n’est rien d’autre qu’un élevage en milieu marin, on regroupe les poissons dans des enclos flottants ou à terre ( avec en moyenne 50 000 spécimens par enclos). Mais c’est  bien sur des facteurs de problèmes : prolifération d’épidémies, contaminations bactériennes des eaux, présence de déjections animales, concentration de pesticides dans la chair des poissons, etc. Tous les écosystèmes autour des sites sont impactés…  et détruits.

Le saumon est l’un des poissons les plus consommés en Europe… à savoir qu’environ 70% d’eux proviennent d’élevages !

L’élevage de saumons devant sauver le saumon sauvage le menace finalement d’extinction…
Pour aller plus loin, nous vous conseillons le documentaire « Artifishal » de  Patagonia.

Naviguer avec deux marins expérimentés comme Erwan Le Lann, et Eric Péron, spécialiste de la course au large, c’est une belle expérience. Avez-vous pu en profiter pour en apprendre encore plus sur la navigation ?

Carrément ! Surtout pour moi et Nono.
Notre seule expérience de navigation c’était sur le Gwalaz.

Là avec le Maewan on avait un vrai bateau, plus grand, on vivait dedans.
Grâce à Eric et Erwan, au niveau de la lecture des cartes et la gestion du bateau, on a appris pas mal !

Mais clairement voyager avec eux ça nous enlevait un stress important et une responsabilité en moins.
Naviguer en Patagonie, c’est pas forcément le plus simple et ça ne s’improvise pas !

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Erwan Le Nann et Eric Péron, navigateurs expérimentés à la barre du Maewan

Vous avez sorti un livre, qu’est-ce qu’on trouve dedans qui n’est pas dans le film ?

Le but du livre est d’apporter des choses nouvelles par rapport au film. Des photos inédites du voyage, des dessins de Nono mais aussi des histoires et des anecdotes.
On ne raconte pas le film une deuxième fois, c’est en complément du film !

(disponible sur le site de Lost in the Swell)

Lost in the Swell a t’il prévu de reprendre le large bientôt ?

Yes pas mal de projets en tête, mais la situation actuelle est un peu floue. Comme tout le monde on ne sait pas trop où on va et si on va pouvoir voyager comme avant.
Donc on va s’adapter en fonction du contexte.

On a d’autres destinations et moyens de locomotions en tête, on a plusieurs options, à suivre !

Au delà des voyages, d’autres projets dans les cartons ?

On avait prévu de faire pas mal d’avant première, mais du coup pour le moment elles sont annulées…
Mais on va quand même essayer de rencontrer notre public à travers un ou plusieurs événements !

Après on va proposer notre film lors des festivals de films d’aventures.

Ronan fait aussi une version de 52 minutes destinée à la télé (à suivre…)

Tous les épisodes de Lost in the Swell en Patagonie