On le sait, les vagues artificielles font l’actualité. Différentes solutions existent comme la Wavegarden ou la vague de Kelly Slater qui font beaucoup parler ces derniers temps. A l’opposé de ces piscines à surf, il y a le l’atoll flottant « Okahina Wave ». Une vague artificielle à surf respectueuse de l’environnement qui s’implante dans n’importe quel plan d’eau naturel comme des lacs ou des rivières !
Ce projet ambitieux est né à Bordeaux, c’est Laurent Hequily qui est à l’initiative de ce système de vague artificielle inédit. Il nous dit tout sur Okahina Wave.
Comment est née Okahina Wave et en quoi est-ce différent des vagues artificielles de Wavegarden, d’American Wave Machine ou de Kelly Slater ?
Habitant le Bassin d’Arcachon, je me suis mis au surf et plusieurs constats s’imposaient à moi. Le surf connait un succès grandissant, mais les vagues restent un phénomène aléatoire, limité et les conditions d’accès liées à ce sport sont difficilement compatibles avec une vie professionnelle exigeante et une vie de famille harmonieuse.
De plus, la pression démographique ne cesse de s’accroître sur les spots, au point de dénaturer la nature même de la pratique.
Nous savons qu’une majorité d’humains vivra dans les grands centres urbains (70% en 2050). Enfin le surf est porteur d’un imaginaire fort : Liberté, vitalité, équilibre, santé, corps beaux et musclés, soleil, énergie marine… qui fait que tout le monde ou presque rêve de pouvoir surfer, même ceux qui habitent loin des spots.
Ce constat nous a motivé à créer une vague artificielle respectueuse des milieux naturels et pouvant s’installer en zone urbaine.
L’un des préceptes de Lao-Tseu m’a beaucoup guidé dans ma réflexion : « Rien n’est plus souple et plus faible que l’eau, mais pour enlever le dur et le fort, rien ne la remplace et rien ne serait la remplacer. Dureté ou rigidité sont inférieures, souplesse et faiblesse sont supérieures ».
Ce précepte nous éclaire d’autant mieux quand on connait les soucis qu’ont eu les autres concepts de vagues artificielles (fuites, fissures, déchirures…). Toutes ces raisons m’ont incité à développer une autre vision et à sortir de cette idée de piscine, pour trouver une solution qui s’adapte à des plans d’eau naturels déjà existants. Dans notre cas nous parlons de « techno-nature ».
Pour appliquer cette idée de « souplesse » de Lao Tseu, j’ai eu une démarche bio-inspirée qui a trouvé ses origines à la fois dans les passes de sable du Bassin d’Arcachon, dans le fonctionnement hydrodynamique des atolls polynésiens et dans la vague de Teahupoo à Tahiti.
Dans la baseline d’Okahina Wave, il est écrit : « Inspirée de la Nature – Pensée pour le Progrès de l’Esprit ». C’est quoi le « Progrès de l’Esprit » ?
Cette idée est de Stéphane HESSEL. Il disait « Arrachons le mot « Progrès » au seul bénéfice du conditionnement matériel, offrons-le à l’esprit ». Parlons du « Progrès de l’Esprit ». Et il suggérait que le « Progrès de l’Esprit » figure au côté du « Progrès Scientifique » inscrit à l’article 27 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ».
Nous arrivons très probablement au terme d’un premier chapitre de l’humanité. Il nous faut ouvrir un deuxième chapitre avec de nouveaux outils technologiques, politiques, économiques, mais surtout développer une autre manière de penser. Il me semble important, comme d’autres, de considérer l’enjeu écologique comme un enjeu majeur de solidarité.
Mon ambition avec l’atoll Okahina Wave est de contribuer à ma manière à cette idée du « Progrès de l’Esprit ». Démontrer que l’on peut penser à des projets funs, ludiques et non culpabilisants pour l’homme tout en contribuant à améliorer notre environnement. Mes préoccupations vont au-delà de l’idée de créer la vague artificielle à surf qui soit la plus « grosse » ou la plus « performante ».
Le surf est porteur de belles valeurs environnementales. Cela me semblait un « non sens » de créer des installations artificielles à surf trop carbonées, trop énergivores, trop consommatrices en eau et qui impactent durablement les sols et les paysages. C’était, de mon point de vue, donner un mauvais exemple aux jeunes générations, celles qui vont devoir œuvrer rapidement pour sauver la planète.
Quels sont les avantages de l’atoll Okahina Wave par rapport aux piscines à surf ?
Si je devais faire une comparaison avec la construction navale, je dirais que les concepteurs de piscines à surf travaillent sur la fabrication de bateaux à moteur. Pour ce qui nous concerne avec l’atoll flottant Okahina Wave, nous travaillons à la mise au point d’un voilier multicoque tels les hydroptères de la Coupe de l’América. C’est plus long à concevoir et à régler certes, mais cela a vocation à termes d’êtres plus performant, de fonctionner avec les énergies renouvelables et d’être par conséquent bien plus économiques et plus rentables à exploiter tout en étant vertueux pour l’environnement.
Avec ce procédé breveté de l’atoll à surf flottant, les avantages sont nombreux, aussi bien pour l’exploitant que pour l’environnement.
Pour l’exploitant, les investissements sont bien moindres que pour une piscine à surf. Pas besoin de construire un bassin en béton, pas besoin d’installer un système de filtration d’eau.
Le procédé de l’atoll permet en plus d’améliorer la qualité des eaux des lacs en l’oxygénant et autorise la création de récifs artificiels pour la faune et la flore aquatique. Il ne demande pas de permis de construire, seulement une autorisation administrative. Il présente l’énorme avantage de pouvoir se démonter facilement, de se positionner sur un autre site si besoin est, et de ne pas impacter durablement l’environnement et les paysages.
Pourquoi parle-t-on d’Okahina Wave comme d’une vague à surf « intelligente » ?
OKAHINA WAVE est labellisée et intégrée au Pôle de Compétitivité et de Transformation Numérique « Cap-Digital ». Non seulement elle sera intelligente dans la gestion de son énergie mais elle pourra aussi donner des informations à chacun sur sa pratique (vitesse, accélération, placement, figures, hauteur des sauts…). Elle offrira aux « riders », par rapport aux procédés déjà existants, une richesse infinie de caractéristiques différentes de spots pouvant aller du type « beach break », « point break », au « reef break » avec « barrel », tout en les rendant plus ou moins accessibles aux surfeurs en fonction de leurs niveaux, voire de leurs handicapes.
Où en est actuellement Okahina Wave ?
Une Wavegarden en Aquitaine, ça peut-vite arriver ?
Oui, bien évidemment, d’autant plus qu’il n’y aura pas qu’une vague artificielle à surf en Nouvelle Aquitaine mais probablement plusieurs. L’étendue importante du territoire, le nombre conséquent de pratiquants et les mauvaises conditions de vagues récurrentes font qu’il y aura logiquement plusieurs installations.
De son côté l’équipe de Wavegarden a bien progressé. Ils ont réussi à se remettre en question par rapport aux premières installations sorties au Pays de Galle, au Texas. Ils ont su améliorer leur offre qui est devenue plus mature. Même si je ne l’ai pas essayé, ils semblent avoir un produit meilleur que leur précédent.
On veut souvent nous opposer, mais nous ne sommes pas concurrents, nous ne faisons pas la même chose. Eux construisent des piscines à surf, procédé entièrement artificiel, qui va répondre aux attentes d’un certain type d’exploitant. Nous, nous concevons une techo-nature, des atolls à surf flottants, démontables, transportables et qui s’adaptent facilement aux milieux naturels, tout en les respectant. Cette technologie sera aussi moins sensible aux problèmes de l’oxyde de fer que l’on retrouve un peu partout dans les eaux de la nappe phréatique en Aquitaine et qui produit en sorte de pate ocre, gluante, qui se colle dans les mécanismes. Ajouter à cela qu’une Okahina Wave se positionne aisément dans les villes, sur des plans d’eau déjà existants, ne mobilisant pas de foncier constructible et souvent coûteux. Il est aussi plus simple d’obtenir une autorisation administrative d’occupation temporaire d’un lac qu’un permis de construire dépendant d’un code de l’urbanisme souvent lourd et contraignant (P.L.U., S.C.O.T…).
C’est pourquoi nous avons remporté un « Blue Ocean Awards » de la part du Ministère de l’Economie et des Finances, parrainé par l’INSEAD et HEC. Avec cette innovation de rupture nous créons un nouveau marché dit « Océan Bleu », selon la définition des chercheurs de l’INSEAD, qui nous distingue du marché des piscines à surf. C’est aussi une des raisons pour laquelle nous avons reçu le soutien officiel de la Fédération Française de Surf.
Okahina Wave en vidéo
Pour en savoir plus, consultez le site internet d’OKAHINA WAVE !
Merci à Laurent d’Okahina Wave pour sa collaboration et sa disponibilité. Hâte de voir les prochaines avancées du projet et pourquoi pas surfer cette vague dans quelques mois…
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