Face à la place prépondérante qu’ont pris les réseaux sociaux dans l’aventure, nous nous sommes posés la question que beaucoup d’aventuriers se posent. Faut-il partager ses spots sur les réseaux sociaux ?
Donner la localisation d’un spot peut paraître anodin voir normal mais cela peut avoir des répercussions importantes sur le lieu. Vaste sujet devenu un peu tabou, et si on se posait la question ensemble ?
Faut-il partager ses spots sur les réseaux sociaux ?
OUI AU PARTAGE !
Oui, c'est la base des réseaux sociaux
Le partage est l’essence même des réseaux sociaux. On y poste des contenus : textes, photos, vidéos… mais aussi bons plans et découvertes. On s’expose. On expose.
Mettre la photo d’un spot de rêve, d’une vue à couper le souffle, d’un lac, d’un animal, d’une cabane pour passer la nuit.. Tout cela met l’eau à la bouche des “followers” et nourrit leur désir de s’y rendre un jour.
En suivant un aventurier, on suit un peu ses traces. Virtuellement mais cela inspire à vivre à son tour les expériences qu’il partage sur la toile. Et on est tenté d’en savoir plus, d’en attendre plus… dont les coordonnées des spots qu’il partage. Et ça s’entend…
Pour garder le spot secret, autant ne pas le partager ? Quitte à l’afficher, autant tout donner ?
Oui, c’est donnant - donnant
Si on regarde les choses d’un autre point de vue. On a tous flashé sur une photo qui nous a fait rêver, qui nous a donné envie d’en savoir plus. On nous a tous indiqué un jour ou l’autre des bons plans et des spots de ouf. Mais pour recevoir… il faut savoir donner. Pourquoi les choses n’iraient que dans un sens ?
Donc dans cette logique du donnant – donnant, oui, indiquer ses spots sur les réseaux sociaux ferait partie du jeu. Une sorte de base open-source où donner les spots ne serait plus un tabou. Dédramatiser le partage des lieux pour le banaliser et le noyer dans une base de données de spots infinie ?
(Mark Z. met un pouce bleu 👍 (certes il est jaune, mais on s’est compris))
Oui, pour mettre tout le monde dehors
Dans un monde de plus en plus connecté, redonner le goût de l’aventure à chacun paraît indispensable. Partager ses aventures sur les réseaux sociaux inspire mais pour aller au bout des choses et mettre tout le monde dehors, ne faudrait-il pas partager ses spots ? C’est un moyen d’encourager chacun à aller en pleine nature et découvrir, même les moins aventuriers d’entre nous et contribuer à impulser la reconnexion au vivant.
Les aventuriers ont sûrement un rôle à jouer dans l’histoire, les réseaux sociaux tremplin à la reconnexion ? With coordonnées GPS to make our planet great again and mettre tout le monde outdoor ?
(ce mix d’anglais – français illustre cet article, le cul entre 2 chaises)
Faut-il partager ses spots sur les réseaux sociaux ?
NON AU PARTAGE !
Non, pour les protéger des réseaux sociaux
Ce que le spot gagne en notoriété, le perd-il en authenticité ?
C’est terrible de voir des lieux se transformer en usine instagrammable où l’on vient consommer et faire sa photo sans prendre le temps d’observer le lieu, de le contempler, d’en profiter, de le comprendre. De lui faire honneur tout simplement.
Ces réseaux sociaux sont la hantise des amoureux de la nature restés au 33-10. Un monde d’écart, creusé à travers des écrans de 5 pouces et de 4G.
Instagrammer un lieu “secret” est-ce le célébrer ? A t’il besoin de lumière ou sa beauté tient à son ombre ?
Ne pas divulguer le spot n’est-ce pas le meilleur moyen de le protéger ? Est-ce le préserver de la folie du paraître et de l’aventure pour le like ?
Garder le spot secret quitte à décevoir les algorithmes et les autres aventuriers connectés…
Non, pour préserver le lieu
Lâcher un spot sur les réseaux sociaux est-ce le mettre en danger ? Lorsqu’un lieu devient #theplacetobe , sa surfréquentation lui fait perdre en saveur mais cela peut surtout avoir raison de lui (voir des exemples en dessous). L’affluence soudaine peut nuire au spot et surtout à la faune et flore qu’il héberge.
Les chemins pour s’y rendre seront plus empruntés. La tentation de marcher hors des sentiers battus pour plus de tranquillité ou pour trouver LE meilleur angle renforce la dégradation du lieu.
Plus il y a de monde, plus il y a de risques que les comportements irresponsables apparaissent : jeter son mégot, ne pas ramasser ses déchets, faire ses besoins et laisser le PQ… Toutes ces choses que l’on trouve sur les lieux à la mode. Sur certains spots naturels, on se demande désormais ce qui est plus sauvage, le lieu ou les visiteurs.
Partager un lieu sur la toile c’est lui ouvrir les portes à n’importe qui, autant aux amoureux du like que de la nature… Dans le doute, ne pas divulguer la localisation du spot est tout à fait louable.
Non, pousser à chercher soi même
L’aventure ne commence-t-elle pas par là ? Chercher des lieux par soi-même sans qu’ils soient servis sur un plateau. Faut-il gagner son paradis ? Partager sur les réseaux sociaux les localisations des spots contribue à vider notre attrait à l’inconnu, à l’essence même de l’aventure composé autant de surprises que de déceptions.
Le risque d’un spot repéré sur les réseaux c’est venir y voir ce qu’on a à y voir. C’est copier une expérience vécue par d’autres plutôt que s’en créer une. C’est chercher l’angle de vue, le rocher, le ruisseau, la branche ou le tronc repéré auparavant dans le post déclencheur de cette aventure, consciemment ou inconsciemment déjà tracée.
Un vrai débat... car l'impact des réseaux sociaux est bien réel !
La menace des réseaux sociaux sur l’environnement est malheureusement bien palpable et de nombreux endroits en font l’expérience. Pour mesurer l’impact que peuvent avoir les facebook, twitter, youtube ou Instagram, donnons ici quelques exemples…
exemple n°1 : les champs de lavande en Provence
Un petit village de 3 188 habitants, bien connu pour ses champs de lavande est victime de son succès. Ce lieu a été mis en lumière notamment dans une série chinoise type « Plus belle la vie » et par une marque de mode qui y a organisé un défilé en plein milieu des champs. Il n’en fallait pas moins pour qu’en 10 ans, 115 234 hashtags avec le nom de ce village soient partagés sur Instagram. Une popularité bien boostée par les réseaux sociaux où les influenceurs défilent par centaines.
Depuis, les producteurs de lavande font face à de nombreuses incivilités : récolte de lavande, champs piétinés, déchets jetés… Le revers de la médaille et un afflux de touristes toujours aussi grandissant. Un brin abusé ?
exemple n°2 : les falaises norvégiennes
Pour illustrer la menace des réseaux sociaux sur l’environnement, les falaises norvégiennes en sont de beaux exemples. En images ci-dessous, 2 spots très connus. On y voit des queues où chacun attend son moment pour aller poser sur LE spot que tout le monde s’arrache (avouons-le tout de même, le décor reste sublime). On y attend patiemment son tour (peut-être un jour son ticket) pour réaliser LE cliché… cliché.
On parie que ce deuxième spot (ci-dessous) ne vous est pas inconnu. Normal c’est la star d’Instagram ! Mais derrière les photos donnant l’impression d’être seul au monde se cache une vérité toute autre, notamment 1h d’attente et une centaine de personnes patientant de prendre… la même photo.
Si en 2010, il n’y avait que 800 randonneurs qui arrivaient au rocher, malgré 6h de rando ils étaient 80 000 en 2016. On compte pas moins de 195 784 publications avec le hashtag du lieu.
On peut se demander quelle est la principale source de motivation : la quête de likes ou de beaux paysages ? 👍
exemple n°3 : la Nouvelle-Zélande
Même malaise en Nouvelle-Zélande, sur l’un des spots les plus courtisés sur les réseaux sociaux. Une queue de dizaine de personnes attendant patiemment leur tour pour le graal. Malgré la grandeur de l’espace et la beauté des paysages, on préfère s’entasser au même endroit pour prendre la même photo. Etrange non ?
Faut-il partager ses spots sur les réseaux sociaux ?
Et si on posait la question directement aux aventuriers ? A celles et ceux qui sont sur le terrain et sur les réseaux sociaux. Tous font face à ce dilemme et ont vu l’impact que peuvent avoir les réseaux sociaux sur leurs spots favoris ou sur ceux découverts au cours d’une aventure…
Hugo Le Beller
Il m’arrive de le faire mais si je veux partager le fond de ma pensée, il est évident que la réponse est non pour moi. Je suis triste de voir que le secret, l’intimité du monde, disparaît peu à peu en partie à cause des réseaux sociaux.
Je crois que la magie de la rencontre avec un paysage n’opère que lorsque nos yeux le scrutent avec un regard innocent et nouveau.
Et puis, je n’ai pas abordé le tourisme de masse parfois engendré par les réseaux sociaux, mais les conséquences sur l’environnement sont factuelles et réelles.
Ghislain Fave
A partir du moment où un spot a la capacité d’accueillir un plus grand nombre de visiteurs, je ne vois pas de problèmes à le partager sur les réseaux. Si l’on me le demande, je partage volontiers la localisation de spots photos en milieu urbain ou dans des espaces naturels qui sont déjà adaptés à recevoir un certain flux de touristes. En revanche, je ne géolocalise et ne partage pas d’informations concernant les lieux plus fragiles. Je bivouaque régulièrement dans des endroits plus secrets où les écosystèmes sont fragiles, les zones humides aux abords des lacs de montagnes par exemple. Je constate déjà malheureusement trop souvent que les visiteurs ne respectent pas les règles élémentaires dans les milieux naturels, laissant des déchets derrière eux, allumant des feux dans des zones interdites ou perturbant la faune avec leurs drones. Pour ces spots bivouacs qui souffriraient d’une hausse de la fréquentation, je ne partage aucune info et suis intraitable !
Flo Lanni
Il y a du bon et du mauvais dans tout ça mais mon avis se penchera plutôt vers une réponse négative à la question.
De ce que j’ai pu apercevoir, du moment où l’on partage un spot, on en perd le contrôle tôt ou tard. Il est repartagé à nouveau, rediffusé, et il en finit surexploité… puis de ce fait potentiellement « menacé ».
Les spots ne nous appartiennent pas, mais il nous appartient de les respecter et de les garder intactes, peu importe les circonstances, qu’ils soient des spots de surf, de randos, de sunset, de vans…
Partager à quelqu’un que l’on connaît et qui partage des valeurs comme le respect de l’environnement, je dis oui mais un partage en masse sans gêne je dis non !
C’est un peu comme jeter une bouteille à la mer, tu ne sais pas sur qui ça va tomber, ça peux paraître amusant, mais avec les réseaux sociaux c’est un peu la même chose. Sauf que cette bouteille peut potentiellement atterrir dans les mains de millions de personnes. Et des bouteilles jettées sur la toile, il y en a chaque seconde. Et vu comme ça c’est tout de suite moins marrant.
Léa Brassy
De mon point de vue, les réseaux sociaux ont vocation à nous inspirer les uns les autres dans un cercle vertueux cultivant la créativité, l’audace et l’authenticité.
Divulguer ses spots, c’est priver sa communauté du plaisir de la quête, c’est « divulgâcher ». Il peut même s’agir d’une manière sournoise de dire « j’y étais avant vous » et de nourrir une compétition inutile.
Nous avons besoin de bienveillance et de se recentrer sur ce qui nous rend profondément heureux, à l’échelle collective, et la comparaison n’en fait pas partie.
Je ne divulgue pas mes spots de surf ou mes autres endroits magiques, car je ne souhaite pas nourrir la course à la liste de lieux incontournables à visiter. Ce que je veux cultiver ce sont des valeurs, pas de l’envie.
L’usage des réseaux sociaux peut facilement tourner en une manière de satisfaire son ego, hors il y aura toujours mieux pour se comparer.
Xabi Barreneche
Toi tu cherches les problèmes ahah !
Sujet complexe et surtout en pleine évolution. Pour ma part, j’ai été pro partage. J’avais déjà ce débat en 2017 avec un ami qui essayait de me mettre en garde sur la sur consommation des endroits via le partage des spots. Je rétorquais qu’au contraire, je remerciais certaines personnes d’avoir partagés leurs lieux pour pouvoir me permettre de moi aussi profiter de la beauté de l’endroit. J’ai vite déchanté…
J’ai l’impression qu’en 2-3 ans, tout s’est emballé. Je prends un exemple simple et qui va parler à tout le monde. Les Lacs d’Ayous (spot emblématique de la vallée d’Ossau), connus depuis longtemps mais jamais autant fréquentés que l’été dernier. Sur une photo d’un pote, on avait compté jusqu’à 120 tentes. Au risque de me faire taper sur les doigts, je me demande si les communes n’ont pas un rôle à jouer sur une « régulation » de spots. Alors il me semble que certaines choses sont déjà en place sur l’entretien de certains endroits, mais peut être que ce n’est pas assez ? La montagne est à tout le monde, on est d’accord, mais on est aussi en droit de se poser la question de l’état du spot après une fréquentation aussi soutenue.
En ce qui me concerne, j’ai toujours aimé la montagne pour y trouver la sérénité et cette sensation de solitude au milieu de nulle part. J’ai donc rejoins mon ami dans son raisonnement et je me contente de partager « Pyrénées » lorsque je mets un lieu.
Cela m’oblige également à effectuer plus de recherches pour préparer une randonnée, en cherchant des spots plus atypiques, ce qui donne encore plus de saveur à la découverte.
Même si je ne partage plus en public, je reste ouvert en privé lorsqu’on vient me demander le nom d’un endroit. Je trouve que la démarche est différente et il s’agit d’un pourcentage infime par rapport au nombre de personnes touchées par un post, donc un bon compromis pour moi.
Vu la vitesse à laquelle les choses avancent, notamment en montagne, je pense que ça sera intéressant de relire cet article dans 2-3 ans 🙂
Eric & Joana
Il y a peu, nous partagions sur les réseaux sans préciser la localisation exacte, une photo de cascade en France et nous écrivions :
« Rester curieux, à l’affut de la moindre aventure, décortiquer les cartes, se renseigner mais aussi se laisser guider pas son instinct, donner même une chance au hasard, explorer les alentours de tel chemin ou telle route que l’on souhaite arpenter pour découvrir des endroits inattendus et peut être trouver quelques trésors…
C’est un peu comme prendre un petit sentier et s’émerveiller du spot que l’on s’est trouvé pour passer la nuit… Le bonheur de l’inatendu ! »
Quelques secondes plus tard, on nous demandait la localisation de cet endroit…
Pour nous, la beauté d’un lieu et la magie du moment sont souvent liées à sa tranquillité…
Avec le temps, nous avons hésité de plus en plus à partager la localisation exacte des lieux découverts. Les réseaux ont énormément évolué, leur utilisation s’est généralisée et avec, de nouvelles problématiques ont émergé. Et partager certains spots encore vierges et non protégés est devenu une vraie question.
Plus qu’un espace de partages pour certains, les réseaux sont devenus un endroit où l’on consomme des images, des « must to see », des spots à collectionner sans se donner la peine de les chercher soi-même. Alors que la recherche est pour nous partie intégrante de l’aventure et lui donne plus de saveur. Voir pour voir et non pour vivre… Quel dommage !
Partager des images pour montrer la beauté de ce qui nous entoure, donner le goût à la nature, sensibiliser à la fragilité et l’importance de notre environnement est une chose.
Mais géolocaliser des zones non encadrées et non protégées, sur expose des espaces fragiles, des endroits qui ne peuvent accueillir trop de public. Des lieux (et une expérience) qui seront forcément impactés par cette sur fréquentation et une faune et une flore inéluctablement perturbées souvent à cause de mauvaises pratiques.
Nous sommes loin d’être parfait et les remises en question sont nombreuses mais à force de voir certains lieux se transformer totalement, voir d’être « fermés » à cause de mauvaises pratiques, nous préférons maintenant rester relativement vague sur certains spots, dans l’espoir de les préserver.
Bertrand Lanneau
Bien qu’ayant partagé les lieux de mes prises de vues pendant longtemps, je suis revenu dessus pour plusieurs raisons. Tout d’abord, c’est toujours positif de partager des choses avec les gens. Mais c’est mieux de partager des savoirs faire ou des savoirs être plutôt que des lieux.
Pour moi, une image ne devrait pas avoir besoin d’un lieu pour parler aux gens. Le risque principal de partager ses spots est que beaucoup de monde aille au même endroit. Ça pose deux problèmes. Un problème de créativité. Ensuite, un problème environnemental (déchets, pollution liée à l’afflux de monde).
Et puis, c’est tellement plus jouissif de découvrir soit même un spot plutôt que de cocher une case d’un spot repéré sur Instagram…
Chloé et Gürkan
Lorsqu’on publie sur les réseaux sociaux, nous restons volontairement vague sur le spot en indiquant seulement la région où l’on se trouve.
Mais partager un spot, c’est à dire communiquer les coordonnés GPS ou décrire précisément un lieu (un nightspot, un point de vue, une randonnée) passe aussi par les messages privés (le classique « c’est où ? » en réponse à une story, souvent d’un nightspot) qui sont parfois très nombreux.
Je me souviens d’une photo prise sur les hauteurs du lac du Salagou où les gens ne se contentaient pas de cette réponse vague et voulaient le spot exact pour se réveiller avec la même vue. Il n’était pas sur Park4night, ni prévu pour accueillir plusieurs vans donc nous avons jugé plus opportun de ne pas communiquer dessus. En revanche, il est vrai que l’on partage plus aisément certains endroits avec les voyageurs que l’on connaît.
À l’inverse, quand on parle du partage de spots sur les réseaux sociaux, on ne peut pas s’empêcher de penser à ses milliers de photos prises au même endroit, et qui incitent toujours plus de personnes à venir en faire autant (comme le lac de Braies dans les Dolomites pour n’en citer qu’un). Dans la course aux clichés parfaits, les réseaux détruisent les plus beaux endroits de la planète dans la plus grande impunité. C’est à nous, voyageurs, de s’efforcer de ne pas contribuer à ses injonctions au road trip parfait à travers nos partages.
EN BREF
Les problèmes que les réseaux sociaux engendrent :
Le problème majeur que causent les réseaux sociaux est la sur-fréquentation des lieux. De plus en plus de monde se concentrent aux mêmes endroits, y compris sur des spots naturels fragiles et non adaptés à l’accueil d’autant de monde.
Un problème qui en engendre beaucoup d’autres…
- Dénature les lieux et l’expérience, arriver sur un spot naturel avec 100 personnes dessus en train de se photographier… le spot nature en est-il encore un ?
- Impacte la faune et la flore (nuisances sonores, piétinement, déchets, cueillette, feu, …)
- Impacte les populations locales (tranquillité des locaux, respect des lieux et des traditions, nuisances sonores…)
- Homogénéise les aventures et leur fait perdre en saveur : on vient voir ce qu’on a à y voir. Peut-on d’ailleurs parler d’aventures ?
- Perte du goût de la découverte et de l’exploration, nos aventures sont servies sur un plateau, on trouve ses spots sur son feed Instagram, plus en les repérant sur une carte, en discutant avec les locaux, en se perdant tout en se fiant à son instinct…
Quelles solutions pour limiter l'impact des réseaux sociaux sur la nature ?
SUR PLACE
- Prévention des acteurs locaux (communes, départements, commerçants, autorités locales…)
Panneaux d’affichages, prévention orale (un loueur de ski de rando expliquera les bons comportements à avoir, un loueur de VTT expliquera qu’il ne faut pas sortir du sentier pour ne pas abîmer la flore, …), mise en place de « gardiens » des lieux (comme un garde forestier veille sur la forêt). - Adapter les infrastructures à l’accueil d’un plus grand nombre de personnes
Lorsqu’un spot est très fréquenté, il demande des infrastructures et une logistique adaptées (sentiers balisés et sécurisés, parkings, gestion des déchets, éventuellement des sanitaires, etc…). - Limiter l’accès (ou interdire s’il n’y a pas d’autres solutions)
Dans les cas extrêmes et si la préservation du spot le requiert, il y aussi la possibilité de limiter l’accès (voir de l’interdire). - Tous un rôle à jouer.
Au-delà des autorités et des administrations, on a tous un rôle à jouer sur place pour préserver au maximum les lieux. Lorsque nous assistons à des comportements inadaptés il faut aller interpeller les personnes et expliquer le problème. Tout comme lorsqu’on croise un déchet par terre, le ramasser… etc.
EN LIGNE
- Sur les réseaux sociaux :
- Une localisation moins précise (ne pas donner le lieu exact quand c’est un lieu fragile)
- Utilisez la localisation « I Protect Nature » (localisation créée en 2019 par WWF pour protéger les sites naturels), lorsque tu localises un lieu sur les réseaux sociaux, il te suffit de rechercher parmi les adresses proposées « I Protect Nature » : ça ne dévoile pas le spot et ça appelle à sa protection…
- Mais aussi : ne pas chercher les spots que sur les réseaux sociaux. Se forcer à les chercher soi même (cartes, guides, improvisation, renseignement auprès des locaux…). Cela permet d’éviter des mauvaises expériences, de préserver les spots en danger et bien sur d’avoir le bonheur d’en découvrir, loin de l’agitation et des clichés !
- Les influenceurs, un rôle à jouer :
- Utiliser leur notoriété pour faire de la prévention, éduquer aux bons comportements, sensibiliser à la fragilité des espaces, montrer les dégâts que le tourisme de masse peut causer…
- Respecter les règles et montrer l’exemple : les influenceurs se doivent d’être exemplaires : ne pas sortir le drone quand cela n’est pas autorisé, ne pas sortir des sentiers pour ne pas dégrader la flore… etc.
- Limiter la diffusion des spots naturels fragiles et sensibles
- Des campagnes de prévention :
L’exemple de la Nouvelle-Zélande :
« La charte Tiaki »
La Nouvelle-Zélande, réputée pour son côté sauvage et son engagement pour la préservation de son environnement a lancé une charte « la charte Tiaki« , à destination des touristes.
On parle même de « serment moral ». Tiaki prend cette forme : « Pendant mon voyage en Nouvelle-Zélande je protégerai la terre, la mer et la nature en étant conscient de mon empreinte écologique et en ne laissant aucune trace de mon passage. Je serai attentif à ma sécurité et respectueux de mon environnement. Je traiterai la culture locale avec un esprit et un coeur ouvert ».
Une charte que chacun pouvait approuver et partager sur les réseaux sociaux pour diffuser le message.
La campagne a été relayée par tous les établissements touristiques (hotels, commerces, restaurants, loueurs…).
Des campagnes de communication originales
Pour protéger les spots des réseaux sociaux cela peut aussi passer par des communications originales.
Toujours en Nouvelle-Zélande, l’office de tourisme du pays a lancé une campagne baptisée “Do Something New”. Elle met en scène un gardien qui fait partie du « SOS » (Social Observation Squad) qui a pour mission d’arrêter ces touristes peu créatifs et qui reproduisent les clichés des réseaux sociaux à des endroits déjà surmédiatisés (regarde la vidéo ci-dessous, elle vaut le détour).
Et le message semble être passé… par son ton humoristique et son approche décalée la vidéo approche des 700 000 vues sur youtube. Jolie coup, joli message !
- Les médias
Enfin, on dirait que les médias ont également un rôle important à jouer pour limiter l’impact des réseaux sociaux sur la nature. En évitant de mettre en avant des endroits fragiles et ainsi éviter d’y attirer trop de monde.
Mais aussi en faisant de la prévention et de l’éducation pour faire évoluer les comportements mettant en péril les spots naturels.
Un grand merci à toi d’avoir lu cet article jusqu’au bout !
Faut-il partager ces spots sur les réseaux sociaux est une question qui nous trottait dans la tête depuis un moment… C’est en en parlant autour de nous qu’on s’est rendu compte qu’on était beaucoup à se la poser.
Face à l’impact que les réseaux sociaux ont sur la nature, on s’est dit qu’il était important d’aborder le sujet tous ensemble.
En espérant que cet article t’ait plu et qu’il aide à faire avancer le débat.
N’hésite pas à rebondir sur la question et à nous partager ta vision en commentaire sous cet article ou par message.
Ça sera un plaisir d’en discuter ensemble !
Un énorme merci aux aventuriers qui ont participé au débat et qui s’engagent pour préserver les espaces naturels que la nature nous offre.
Hello,
C’est en effet une question récurrente, que je me suis posée déjà régulièrement. Perso, jamais de la vie, je ferais la queue pour ça, je préfère largement trouver un spot secondaire (parfois à seulement quelques centaines de mètres des plus connus) ou je laisse tomber. Et si je partage, je reste en général vague si c’est un lieu moins connu (s’il l’est déjà, à quoi bon). Mais comme ça reste l’essence même des réseaux sociaux de partager, ça resterai dommage aussi de ne rien montrer non plus, après tout, si l’on prend des photos, bien souvent, c’est aussi pour les montrer ailleurs que pour rester dormantes sur un disque dur. Un blog est notamment un « réseau social » quelque part et à aussi son rôle même s’il est moins impactant.
Hello Romain et merci pour ton commentaire !
Je te rejoins pas mal sur tes propos. J’ajouterai tout de même une nuance sur les blogs qui poussent peut être moins à la « consommation du lieu » que les réseaux sociaux inspirent… On y retrouve moins la recherche de la photo parfaite ou de la photo cliché… Un article blog sera également rarement consacré qu’à un seul lieu à visiter. On y trouve du contenu annexe, d’autres adresses, des explications, voir des alternatives.
Je ne parle bien sur pas des articles blog « les 10 lieux les plus instagrammables », « 5 vues les plus populaires d’Italie » etc… 😉 haha
J’ai partagé les localisations, au début, je ne le fais plus.
Que ce soit en escalade, parapente, ski de randonnée, randonnée, kite, ou vtt.
Je ne connais pas de plus grande joie que découvrir un spot (forcément merveilleux) après avoir recherché, réfléchi, tourné, rêvé, zoomé, dézoomé sur une carte IGN, et trouvé que là, peut-être… Mais oui, çà va marcher, oui, oui, c’est évident, trivial, tellement simple d’accès.
Ensuite on va vérifier : c’est bien çà, c’est un bijou.
Je me sens privilégié, dans une nature sauvage, préservée, je l’ai gagné, à force de scruter la carte, à la force de mes mollets, je suis (nous sommes) seul(s) au monde, il y a tellement de choses à découvrir autour de nous, juste là, tout près !
Je me suis longtemps crû obligé de partir loin, au Maroc, au Pakistan, en Colombie, à l’ile Rodrigues ou Madagascar, Brésil, Macédoine.
Finalement c’est inutile, en regardant autour, tout à coté, on trouve tellement de merveilles !
Mais je n’ai plus envie de les partager à tout vent. Je les partages avec mes proches.
Salut Pierre et merci pour ton commentaire !
C’est vrai que le goût d’un spot découvert par soi même n’a rien à voir. Ça n’a pas de prix ! Enfin si… celui de l’effort de le chercher.
On regorge de coins en France, où que l’on soit. Profitons en à fond, encore plus avec le contexte actuel 😉
Bonjour,
Je réagis à votre article notamment aux « faut qu’on » et « y’a qu’à » en rapport avec l’engagement des acteurs locaux quant à la préservation des sites à préserver…
Je suis conseillère municipale dans une petite commune et du fait de la proximité et de l’attractivité d’un site classé zone naturelle sur lequel nous vivons, nous sommes envahis par les van lifeurs contre notre gré.
Nous ne disposons pas de moyens financiers suffisants afin de canaliser et gérer l’afflux massif de toutes ces personnes et de leur mode de vie.
Nous faisons face à une part d’incivilites de plus en plus grandissante car nous avons beau mettre des panneaux ou faire de la sensibilisation, la situation se dégrade et le site pourtant classé devient un immense parking de vans…
Aussi je vous trouve gonflé d’engager la responsabilité des locaux quand il s’agit avant tout de celle des propriétaires de ce type de véhicules à être raisonnable et d’arrêter la dégradation des sites en voulant aller toujours au plus loin du fin fond pour être le seul, le premier…
Les locaux ne demandent pas et n’ont pas forcément les moyens de pouvoir gérer ces situations… Il ne faut pas oublier qu’il s’agit du domaine public et que nous ne disposons pas de l’argent comme nous le souhaitons…
Merci de penser qu’au delà du plaisir personnel et individuel que vos spots représentent pour chacun d’entre vous, les locaux que nous sommes se retrouvent dans une galère le temps que votre plaisir personnel dure…
Bonjour Cathy et merci pour votre commentaire !
Je n’ai pas l’impression d’avoir tout mis sur les épaules des locaux ou des instances locales et je mesure entièrement les contraintes de temps, de ressources et de moyens pour palier à ces problématiques grandissantes.
Bien sur que la base se sont les comportements inadéquats de certains vanlifers (ou autres d’ailleurs : randonneurs, cyclistes, pêcheurs, chasseurs, motards, …). Mais comment faire évoluer ces personnes sans interagir avec, sans les sensibiliser, sans leur parler et leur expliquer le problème ?
Cet article est plus destiné à défendre l’intérêt commun que les plaisirs personnels et appel plus au respect des uns et des autres, des spots et de la nature plutôt que l’inverse.
Conscients que cet article est une bouteille à la mer fac à l’ampleur du problème. Croyez-moi, j’aimerais avoir la solution magique 😉
En tout cas merci d’avoir pris le temps de commenter, c’est important que cet article soit lu par toutes les parties concernées, dont les élus.
Au plaisir d’échanger sur le cas de votre ville en question. N’hésitez pas à me contacter par mail : mathieu@havingfun.fr
Très belle journée,
Cordialement
Mathieu
Bonjour,
Nous attendons la livraison de notre nouveau destrier pour continuer à visiter en 2022 les belles régions de France. Après nous continuerons plus loin.
Nous comprenons les remarques de Cathy sur le site naturel de sa commune !
Mais où se trouve la solution ?
Après vingt cinq ans de vie en camping-car, nous fuyons les réseaux sociaux, YouTube, whatsApp et autres. Les spots sont nos spots, après infos et autorisations du propriétaire, le bon contact commence…et tout devient possible: nous sommes chez eux et ils nous font découvrir cet endroit magnifique qui leur appartient.
Si tous les vanlifeurs faisaient comme ça, Cathy ne se plaindrait plus et toutes les incivilités devraient disparaître.
Pourquoi n’en est-il pas ainsi ?
[…] a lire aussi : https://www.nytimes.com/2018/11/29/travel/instagram-geotagging-environment.html https://havingfun.fr/faut-il-partager-ses-spots-sur-les-reseaux-sociaux/ […]